Petrus Von Tricht : Comprendre T’as eu ce que t’as eu

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :4 min de lecture
T'as eut ce que t'as eu - Petrus Von Tricht
T’as eu ce que t’as eut

Dès le premier regard, « T’as eu ce que t’as eu » s’impose comme une scène suspendue, à la fois familière et énigmatique. Sur un fond orange vibrant, presque incandescent, Petrus Von Tricht orchestre une composition où l’enfance, la présence animale et l’intrusion du monde adulte se croisent sous le signe d’une inquiétante étrangeté.

L’enfant, le chien et la main : une triangulation du destin

Au centre, un enfant, les yeux vides, le visage fermé, se tient raide, presque statufié. Sa posture, les bras croisés sur le ventre, évoque à la fois la retenue, la résignation et une forme de vulnérabilité. À sa gauche, un chien stylisé, compagnon silencieux, tourne la tête vers lui, témoin muet d’une scène dont il partage la gravité. La main adulte posée sur l’épaule de l’enfant, venue de la droite, est à la fois rassurante et autoritaire, frontière entre protection et contrôle. Elle semble dire : « Tu dois accepter, tu n’as pas le choix. »

Le décor : une nature inquiète, théâtre de la fatalité

Les branches nues, parsemées de feuilles stylisées, s’étendent comme un réseau de veines sur le fond orange. Elles encadrent la scène, la rendant à la fois close et ouverte sur un ailleurs menaçant. Les oiseaux noirs, silhouettes tranchantes, traversent l’espace, messagers d’un présage sombre ou d’une liberté inaccessible. Leur vol désordonné contraste avec l’immobilité des personnages, accentuant la tension dramatique de la composition.

Palette et lumière : la brûlure du souvenir

Le choix du orange saturé comme fond est audacieux : il évoque la chaleur d’un souvenir, mais aussi la violence d’une brûlure émotionnelle. Les personnages, peints dans des tons froids, semblent flotter dans cette atmosphère incandescente, comme des fantômes pris dans la lumière d’un passé qui ne veut pas s’éteindre.

Lecture symbolique : l’acceptation contrainte

Le titre, « T’as eu ce que t’as eu », résonne comme un verdict, une sentence implacable sur la vie et ses héritages. Il y a ici une réflexion sur la transmission, la fatalité et la difficulté d’accepter ce qui nous est donné – ou imposé. L’enfant, privé de regard, incarne cette dépossession du choix, cette soumission à une histoire qui le dépasse. Le chien, figure de fidélité, semble partager ce destin, tandis que la main adulte rappelle la toute-puissance des origines, des décisions prises pour nous.

Conclusion : une scène universelle, une émotion singulière

Avec cette œuvre, Petrus Von Tricht parvient à condenser, dans une scène apparemment simple, toute la complexité de l’enfance confrontée à la réalité du monde adulte. La tension entre protection et contrainte, entre innocence et fatalité, est rendue avec une économie de moyens remarquable, signature de l’artiste.
« T’as eu ce que t’as eu » est une méditation visuelle sur l’acceptation, la perte et la mémoire, où chaque spectateur retrouvera, peut-être, l’écho de sa propre histoire.

Sigmund Von Sharpp
Paris, 9 janvier 2023

Pour acheter cette pièce : https://www.artsper.com/fr/oeuvres-d-art-contemporain/peinture/1913271/tas-eu-ce-que-tas-eu

Laisser un commentaire